Niveau de vie moyen par carreau 200m à Paris

Carte réalisée avec QGIS

Dans le dernier épisode du Dessous des Dataviz, nous mettions en avant un résumé graphique général de la population parisienne datant de 1873. Les techniques de collecte, de traitement et de stockage des données socio-démographiques ont depuis bien évolué, notamment avec l’avènement des technologies numériques, et permettent des analyses plus fines qu’à l’échelle de la commune ou de l’arrondissement, comme le montre la carte ci-dessus.

Des inégalités de niveau de vie

L’Insee définit le niveau de vie comme le revenu disponible du ménage divisé par le nombre d’unités de consommation (UC) au sein du ménage. Le niveau de vie est donc le même pour tous les individus d’un même ménage et prend en compte les enfants à charges, autorisant alors la comparaison entre territoires. 

Une première analyse de la carte nous permet de voir qu’il existe des disparités de revenus importantes entre les différents quartiers de la capitale.  Certains carreaux abritent des familles vivant sous le seuil de pauvreté. Ils sont situés en périphérie, en particulier dans le Nord et l’Est. D’autres zones concentrent au contraire des ménages très aisés, affichant des niveaux de vie médian trois fois supérieur au niveau de vie médian national (environ 22 000€) .

L’usage des données carroyées permet des analyses bien plus fines que les données à l’échelle de l’arrondissement. En effet, le maillage au carreau permet de déceler des situations très différentes au sein d’un même arrondissement. C’est notamment le cas dans le 17ème arrondissement où la mixité sociale est importante. Ces informations ultra-localisées représentent donc une source d’information précieuse pour aller au-devant des besoins des habitants et des acteurs économiques et accompagner la mise en œuvre de politiques publiques. 

Qui dit carroyé dit vie privée

L’usage et la diffusion de données carroyées pose la question de la protection de la vie privée, et ce particulièrement dans les territoires peu denses où il peut arriver qu’un carreau de 200 mètres n’abrite que peu de ménages. Si un seule famille vit dans ce carreau (ce qui arrive fréquemment), diffuser des données sur ce carreau revient à divulguer publiquement des informations confidentielles concernant cette dernière.

La CNIL mentionne d’ailleurs explicitement les données carroyées dans son atelier RGPD, et rappelle que l’open data fait bien partie du champ d’application du règlement européen sur la protection des données personnelles. L’Insee met en œuvre plusieurs traitements pour partager les données carroyées tout en s’assurant du secret statistique et du respect de la vie privée :  

Tout d’abord, toute information concernant un carreau abritant moins de 11 ménages fiscaux n’est pas diffusée. Le problème est que 80% des carreaux de France sont dans cette situation, et il faut parfois atteindre une taille de carreau de 32 km pour atteindre ce seuil de 11 ménages. Pour transmettre l’information la plus fine tout en respectant la protection de la vie privée, l’Insee a imaginé un maillage “naturel”, c’est-à-dire un partitionnement du territoire en carreaux de taille différentes (de 200m jusqu’à 32km), de sorte que chaque carreau soit le plus petit possible tout en accueillant au moins 11 ménages. 

Exemple de découpage en carreau de niveau « naturel » dans l’agglomération bordelaise

L’Insee applique également des traitements particuliers sur les variables les plus sensibles, comme sur les niveaux de vie des individus des carreaux. Ces derniers font l’objet d’une windsorisation, correspondant à une atténuation des valeurs extrêmes en comparaison des valeurs départementales. 

Pour aller plus loin

• Données carroyées « Revenus, pauvreté et niveau de vie en 2017 » : lien
• Les données carroyées, des outils et méthodes innovants, pour percevoir la réalité des territoires : lien
• Fiche ressource « Explorez votre territoire en pixel » (PVD) : lien