décembre 2022
En 1873, le statisticien Toussaint Loua publie un atlas démographique de la population parisienne, dont il synthétise les résultats au sein d’une visualisation de donnée, sobrement intitulée : « résumé graphique général de l’atlas statistique de la population de Paris ».
En 1873, le statisticien Loua conçoit un atlas démographique de la population parisienne, qui présente les résultats du recensement de l’année précédente. Cet atlas est constitué d’un grand nombre de tableaux, annotés et analysés, mais également de plusieurs cartes représentant spatialement diverses données à caractère démographique ou social, par arrondissement.
Un « résumé graphique général de l’atlas statistique de la population de Paris » a été intégré par Toussaint Loua à la fin de cet atlas. Ce résumé synthétise en une seule dataviz l’ensemble des informations recensées par arrondissement.
Il s’agit d’un tableau à double entrée, indiquant en ligne les vingt arrondissements de Paris, et listant en colonnes es quarante caractéristiques socio-démographiques du recensement. Celles-ci sont regroupées par « familles », dont les intitulés sont affichés en bas du tableau : Origines et nationalité, Cultes, Âges, Professions..
Au croisement des deux axes / de deux variables (un arrondissement et une caractéristique socio-démographique), chaque case est colorée en fonction de la valeur observée. L’idée est simple, mais ingénieuse : on peut accéder au travers d’une seule visualisation et un coup d’œil à une synthèse de l’ensemble des quarante cartes qui composent l’atlas. En contrepartie, on perd les avantages de la représentation spatiale que permet une carte.
La gradient de couleurs (c’est à dire la mesure de la varation continue d’une grandeur) retenu par Loua est composé de 4 couleurs : blanc (pour les valeurs les plus faibles de la série), jaune, bleu, orange et rouge (pour les valeurs les plus hautes).
Si le blanc, le jaune , le orange et le rouge suivent une logique chromatique (de la couleur la plus claire et froide à la couleur la plus foncée et chaude), le bleu est quant à lui en dehors de cette logique. Ce choix de couleurs, probablement justifié par une raison qui nous échappe, ne permet pas une compréhension intuitive des valeurs présentées et rend plus difficile l’analyse des cartes.
Les couleurs ont un sens, et leur usage dans les visualisations de données doit être réfléchi.
Si l’on s’intéresse aux caractéristiques socio-démographiques présentées dans l’atlas, nous constatons d’abord que le recensement de 1872 avait des points communs avec celui d’aujourd’hui. Solde démographique, logements vacants, âge des individus, professions exercées…ces informations font toujours partie des résultats du recensement publiés par l’Insee.
Mais la France de 1872 n’est pas la même que celle de 2022, et certaines données recensées au 19ème siècle ne le sont plus aujourd’hui.
Ainsi, l’atlas de Loua contient une catégorie “Animaux”, dénombrant chiens et chevaux dans les différents quartiers de la capitale. On y apprend que Montmartre était le quartier qui comptabilisait le plus de chiens. Est-ce encore le cas aujourd’hui ? Ce n’est pas l’Insee qui pourra nous le dire.
L’atlas contient également une catégorie “Cultes”, parmi laquelle étaient recensés les Calvinistes, Luthériens, Israélites et les Libres Penseurs. Ces informations ne sont plus collectées, l’État s’interdisant tout fichage ethnique et religieux, notamment depuis le recensement des juifs opéré par le régime de Vichy.
Le recensement de la population de 1851 comporte même des données sur les individus atteints d’infirmités apparentes. Nous serons ainsi heureux d’apprendre que la capitale comptait au milieu du 19ème siècle 1 153 aveugles, 653 borgnes, 459 sourds-muets, quelques 1 836 aliénés (dont 115 à domicile), 51 goitreux et 776 bossus #. Toussaint Loua y ajoute son analyse en indiquant que « les chiffres relatifs aux aliénés ne donnent qu’une idée incomplète de la situation, un très grand nombre d’aliénés de Paris, étant faute de locaux suffisants dans la capitale, traités dans les asiles de province ».
Dans le prochain épisode, nous ferons un saut dans le futur et étudierons une carte de Paris réalisées à partir des derniers recensements.
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